lundi 8 juin 2015

J'ai couru le dernier km


Ce midi je suis sorti courir sous le déluge. J’avais besoin de courir. Besoin de souffler un peu et d’écouter de la musique. Besoin de faire un premier tour de la question dans ma tête, replacer les idées dans l’ordre.

Sur le parcours, je suis arrêté à l’école de mon fils le plus vieux, voir si tout était ok. Shawi c’est petit et comme ce triste évènement a reçu une couverture médiatique impressionnante, je voulais m’assurer que mon petit mec était ok et que ces amis ne lui posaient pas trop de questions auxquelles il ne pourrait répondre. Son enseignante a gentiment pris le temps de me rassurer et m’a assurer que je serais rejoint si nécessaire. Car non, je ne lui ai pas encore parlé du drame, je dois le digérer pour commencer. Merci madame C.

Ensuite j’ai continué mon trajet. J’ai tourné et retourné, mais je savais qu’il me mènerait à un endroit précis. Consciemment ou non,  je suis arrivé à l’endroit ou Maxime est tombé. J’ai couru. J’ai fait le  dernier kilomètre.

Arrivé à la ligne, j’ai ramassé mes idéaux, mes objectifs et mes certitudes qui étaient toutes cassées sur le sol, les ai mises dans ma poche et je suis retourné à la caserne. Je réussirai à les recoller, mais pour l'instant le tube de colle est vide!

Ce drame est atroce de par l’âge de Maxime et toute l’incompréhension qu’il suscite. Il est dévastateur pour une famille aimante qui devra affronter l’ingérable, la perte d’un fils, d’un frère sans oublier ses amis et sa conjointe. Ce drame est ironique, car Maxime était un ange, façon dont on surnomme les gens qui poussent les chaises de la course du Bonheur et parce qu'il était à 1km de la fin. Ce drame est collectif car une famille de pompier, particulièrement les coéquipiers qui ont couru avec lui, est sous le choc.

Je vous remercie tous des bons mots que vous avez eus pour l’organisation, les pompiers et surtout la famille de Maxime… Je vous ai déjà parlé de ma communauté? Cette fois-ci je la sens derrière les pompiers. 

Merci à M.Anger, maire de Shawi qui a pris le temps qu’il fallait pour accompagner ses pompiers, ainsi que le directeur de la ville, Gaétan Béchard , mon boss direct François et tous les autres qui se sont déplacés pour nous prêter mains forte, car même les pompiers, ils pleurent.

 Je n'écris pas ce texte pour attirer la sympathie ou la compassions car honnêtement si vous avez de l'énergie à envoyer, qu'elle soit dirigée vers la famille de Maxime. Nous vivons un drame qui n'a aucune commune mesure avec celui vécu par sa famille.
Mais je tenais vraiment à le faire et à le dire:
                                                                Maxime, j’ai couru le dernier km.