Ce midi je suis sorti courir sous le déluge. J’avais besoin de
courir. Besoin de souffler un peu et d’écouter de la musique. Besoin de faire
un premier tour de la question dans ma tête, replacer les idées dans l’ordre.
Sur le parcours, je suis arrêté à l’école de mon fils le
plus vieux, voir si tout était ok. Shawi c’est petit et comme ce triste
évènement a reçu une couverture médiatique impressionnante, je voulais m’assurer
que mon petit mec était ok et que ces amis ne lui posaient pas trop de
questions auxquelles il ne pourrait répondre. Son enseignante a gentiment pris
le temps de me rassurer et m’a assurer que je serais rejoint si nécessaire. Car
non, je ne lui ai pas encore parlé du drame, je dois le digérer pour commencer.
Merci madame C.
Ensuite j’ai continué mon trajet. J’ai tourné et retourné,
mais je savais qu’il me mènerait à un endroit précis. Consciemment ou non, je suis arrivé à l’endroit ou Maxime est tombé. J’ai couru.
J’ai fait le dernier kilomètre.
Arrivé à la ligne, j’ai ramassé mes idéaux, mes objectifs et
mes certitudes qui étaient toutes cassées sur le sol, les ai mises dans ma
poche et je suis retourné à la caserne. Je réussirai à les recoller, mais pour l'instant le tube de colle est vide!
Ce drame est atroce de par l’âge de Maxime et toute l’incompréhension
qu’il suscite. Il est dévastateur pour une famille aimante qui devra affronter
l’ingérable, la perte d’un fils, d’un frère sans oublier ses amis et sa
conjointe. Ce drame est ironique, car Maxime était un ange, façon dont on
surnomme les gens qui poussent les chaises de la course du Bonheur et parce qu'il était à 1km de la fin. Ce drame
est collectif car une famille de pompier, particulièrement les coéquipiers qui
ont couru avec lui, est sous le choc.
Je vous remercie tous des bons mots que vous avez eus pour l’organisation,
les pompiers et surtout la famille de Maxime… Je vous ai déjà parlé de ma
communauté? Cette fois-ci je la sens derrière les pompiers.
Merci à M.Anger, maire de Shawi qui a pris le temps qu’il
fallait pour accompagner ses pompiers, ainsi que le directeur de la ville,
Gaétan Béchard , mon boss direct François et tous les autres qui se sont
déplacés pour nous prêter mains forte, car même les pompiers, ils pleurent.
Maxime, j’ai couru le dernier km.