dimanche 20 décembre 2015

Votre cadeau de Noël...


Voici ma version de : je suis belle, je suis bonne, je suis capable.

Vous devez écouter ici en lisant ce texte et surtout montez le volume!

« Je suis peut-être pas le plus beau, je ne suis peut-être pas le meilleur, mais je suis capable en tabar…! »

On a souvent l’impression que c’est trop difficile. Difficile de trouver du temps pour s’entraîner. Difficile de trouver la motivation pour sortir courir. Difficile de trouver la patience de courir sur votre tapis de course dans le sous-sol.

C’est alors facile de trouver des défaites : Y fait trop froid. J’ai un party de bureau. Je suis trop pesant, je vais maigrir avant. Je ne suis pas équipé. Je ne suis pas assez bon, je suis fatigué…Vous en connaissez plein d’autres, de ces défaites si faciles! Et qu'est-ce que vous faites en pensant à vos défaites? Vous écoutez la télé, ou prenez 1h sur internet ;) 

Je le sais, je suis comme vous!  Ne croyez pas que c’est toujours agréable de se lever à 4h45 pour aller courir la semaine!

Mais se donner une défaite, c’est tenter de se justifier auprès de vous ou des  autres en donnant des raisons plus ou moins bonnes. Certains de vos interlocuteurs y croiront, d’autres non, et les plus baveux (dont je fais parfois partie) vous diront que ce n’est justement qu’une défaite!

Maintenant, prenez 2 secondes et allez chercher un miroir, ou déplacez-vous dans votre salle de bain. Regardez-vous dans les yeux et donnez à votre reflet, à voix haute, ces mêmes défaites que vous utilisez avec votre entourage…Allez allez, faites-le! Regardez-vous dans les yeux en vous demandant si vous n'avez vraiment pas le temps. Pensez au temps que vous utilisez pour écouter la télé et dites-vous que vous n'avez pas le temps de courir...

Vous y croyez? Vraiment? C’est gênant de se mentir à soi-même en se regardant dans les yeux n’est-ce pas?

Il y a toujours un moyen, une solution. Il suffit simplement d’essayer et de se convaincre que c’est possible!  Regardez-vous dans les yeux, toujours devant votre miroir, avec votre objectif en tête et dites-vous : J’suis peut-être pas le plus beau, j’suis peut-être pas le meilleur, mais j’suis capable en … (je vous laisse le soin de choisir le terme, mais il doit être violent, pas de « torpinouche ou de citron comme expression svp).

Maintenant il ne vous reste qu’à mettre les choses en place! Ce ne sera pas toujours facile, mais quand vous avez des doutes, retournez devant votre miroir! Allez-vous mentir à votre reflet?

Noël s’en vient. Pourquoi ne pas demandez un miroir de poche en cadeau?  Pourquoi ne pas imprimer ce texte et le donner à une personne qui voudrait accomplir son objectif mais pour qui les défaites sont souvent un obstacle?

Joyeux Noël!!!

La chanson est de Colin James, Man’s gotta be a stone, et je vous jure que l'écoute au moins 1 fois par jour! :)

jeudi 12 novembre 2015

Repos et réflexions...


Bon maintenant qu’on a fait le tour de la jungle ou presque, y faudrait bien parler d’autre chose! J’aimerais bien vous parler d’astronomie ou de finances, mais honnêtement, ce serait très plate. Ce n’est pas que l’astronomie ou la finance soient des sujets ennuyants, bien au contraire, ce pourrait être très palpitant comme sujets! Je sais que vous salivez à l’idée que je disserte sur la comète de Time Square ou que je vous parle des anneaux du fond monétaire international. Mais étant donné que mes connaissances sont limitées à ce sujet, je vais prendre quelques minutes de votre temps pour vous parler de quelque chose de vraiment nouveau dans ma vie, le repos…

Vous savez ce qu’est le repos? C’est le moment où tu vois des coureurs dans la rue et que tu balance entre l’envie et le mal de cœur. C’est le moment où tu te dis que tu devrais sortir courir mais que l’appel du divan est fort. Vraiment trop fort.  Lorsque tu vois des citations de tes amis Facebook sur la course, tu te dépêche de descendre la page pour ne pas te faire contaminer par la motivation et tu remontes un peu, comme un voyeur, juste pour finir de la lire…

Vous comprenez qu’on ne parle pas de repos forcé, mais nécessaire! C’est comme un lendemain de veille arrosé où tu hésites entre prendre une bière pour te remettre en selle, ou te laisser sombrer dans le mal de tête toute la journée en te disant plus jamais. En passant, l’histoire de la bière le matin, c’est selon la croyance populaire car je n’ai jamais testé. (En ce moment, je vois peut-être 1 ou 2 collègues de pêche qui sourient, mais n’oubliez pas messieurs que ce qui est au chalet, reste au chalet…) J

Le repos est aussi le moment de penser à ses futurs objectifs. Ça c’est un peu plus compliqué. Aller plus vite ou plus loin? D'ailleurs, faut-il aller plus vite ou plus loin? Prendre une année mollo ou relever un nouveau défi? Et vous, quel sera votre année de course 2016 ?  De quoi êtes-vous fiers à propos de votre saison 2015? Quels sont vos apprentissages? Il faut faire un bilan pour voir où l’on s’en va!

Pourquoi courrez-vous? Cette question me tourne dans la tête. Sans arrêt. Je n’arrive pas trop à mettre le doigt sur la réponse, elle s’est sauvée en courant! Mais je sais une chose, j’aime courir. Je ne cours pas pour épater les gens. Je ne cours pas pour battre des records. Je cours pour moi. Pour avoir du plaisir, dépasser mes limites, échanger avec les amis que ce soit sur la route ou dans le bois, tripper tout simplement!  Vous savez de quoi j’ai le goût pour 2016? Aller vite. Pas de montre. Comme lorsque nous étions enfants et que nous devions nous sauver du monstre. J’ai le goût de sentir le vent dans mes cheveux. ;) J’ai le goût de sentir mon pouls dans mes tempes parce que j’ai couru trop vite. J’ai le goût de mal gérer ma course sur 10km et de pouvoir en rire en me disant : ouin pis? J’ai le goût de me sentir léger. Pas de sac à dos. Pas de chrono.

Et vous, est-ce que la course vous aide à vous sentir léger?

Je vous laisse sur une phrase de la chanson Rosie de Francis Cabrel que j’aime beaucoup et qui vous aidera peut-être dans votre réflexion :

-          Faut pas dire à qui je ressemble, faut dire qui je suis…

dimanche 25 octobre 2015

Je ne courrai jamais plus de 10km.

Ça y est, c’est décidé, ma carrière de coureur vient de prendre un tournant majeur. Je ne courrai jamais une distance plus longue que 10km pour le reste de mes jours.   

Pourquoi?

Parce que j’ai fait 260km dans la jungle en 7 jours. Parce que 2 semaines plus tard, j’ai encore mal aux pieds et parce que j’ai moins d’énergie qu’une limace dépressive qui fait une mononucléose. Je ne courrai jamais plus de longue distance parce que l’entraînement est trop long, trop exigeant.  Je ne courrai jamais plus des longues distances parce que cela n’a aucun sens. Vraiment aucun. À quoi ça rime de faire 48 heures de vol et d’attente, 12 heures de bateau, pour me rendre dans la jungle, y courir pendant 7 jours, dormir dans un hamac et manger de la bouffe en sac, traîner un sac à dos de 18 lb, voir des yeux orange dans la nuit qui te regardent, perdre 13 lb ( bon ok, ça c’était pas grave) et t’ennuyer de ta famille à en pleurer comme un lézard perdu en antarctique?

Ce n’est pas parce que j’ai fait un voyage extraordinaire que je vais recommencer. Ce n’est pas parce que j’ai côtoyé des hommes et des femmes épatants, que j’ai vu des paysages à couper le souffle ou que je me suis baigner en plein milieu de la jungle amazonienne que je vais avoir le goût de refaire une telle aventure. Ce n’est pas parce qu’un sanglier est passé à 100m de moi, ou que des paramédic bénévoles, provenant de l’Angleterre et ayant pris 2 semaines de vacances pour venir nous soigner, que je vais avoir le goût de recommencer.

Ce n’est surtout pas parce que j’ai traversé des rivières de plus de 200m, descendu un ruisseau de 300m à la nage ou marché dans des marécages en plein milieu de la jungle, que j’ai éprouvé un plaisir d’enfants. Les papillons, les singes hurleurs, les araignées ou les lézards  ne m’ont surtout pas impressionné…

J’ai même pensé abandonner. En fait, j’ai abandonné. J’ai croisé Kevin et Andy environ 200 mètres avant le check point, 2 chics types avec que je me suis lié d’amitié qui ont dû abandonner. Je retenais mes sanglots en leur expliquant que ma course se finissait ici. Les 2 ont tenté de me motiver, mais c’était peine perdue. Kevin m’a même donné un bonbon pour m’encourager. Vous ne pouvez imaginer combien ce bonbon était bon après 8 jours de bouffe séchée. Mais pas assez bon pour me faire continuer… Je suis donc arrivé à un point de contrôle à 15km du départ de la 6ème journée et j’ai avisé les paramédics que j’abandonnais. Je n’en pouvais plus. La chaleur, la fatigue, les ampoules, ma vitesse qui ne faisait que décliner et les 70km restants m’ont eu. Donc je me suis assis sur le sol, en pleurant comme un enfant. Les gros sanglots, les pensées noires, « toute le kit » comme on dit. D’après moi, j’avais même la morve qui me coulait du nez. Comme les enfants.  J’étais dans le trou noir. Vous savez cette énergie négative qui t’aspire vers le fond. Tu veux t’en sortir mais  tu n’arrives pas à t’agripper sur le rebord du gouffre et tu ne fais que t’y enfoncer. Toutes tes pensées sont négatives. Je préparais des réponses aux commentaires qui me seraient faits à mon retour à propos de mon échec. Je préparais les explications qui justifieraient mon abandon. Surtout, je préparais des explications pour mes enfants qui m’attendaient avec la médaille!

Et là, 2 anges sont arrivés. Andrew et Laini. 2 de ces paramédics qui ont pris congé pour remonter le moral des troupes et soigner leurs ampoules (également endurer une odeur de jaguar mal léché du coureur qui ne s’est pas trop lavé depuis quelques jours et qui se promène à des températures de 40 degré), je vous le dis, des anges!  Lisez bien ce qu’ils ont fait, car si un jour je suis dans une situation où je peux aider un coureur, c’est exactement ce que je ferai.

Donc ils ont commencé par m’écouter. Mais pas trop. Juste assez pour que j’évacue ma détresse. Ensuite, ils m’ont parlé de tout sauf la course. Mes enfants, mon travail, ma gazelle. Andrew m’a bien fait rire en me disant que les 2 choses qui lui manquaient le plus étaient un frigo rempli de bière et une toilette. Laini, belle comme un cœur, s’est simplement assise à côté de moi et m’a mis une main sur un genou, car j’étais assis recroquevillé. Un contact humain. Vous croyez que c’est banal? Pas du tout! Un simple geste qui signifie : nous sommes là pour t’aider. À force de discuter, ils m’ont convaincu de repartir au moins jusqu’au prochain check point, 8km plus loin, ce que j’ai fait.

1km après mon départ d’avec ces 2 personnes, je savais que j’aillais finir la course. Je tendais la main, ils m’ont sorti du trou noir. La morale? Si vous tombez dans le trou, n’hésitez pas à tendre la main. Il y aura des anges qui vous aideront, faites confiance.

J’ai donc continué. J’étais parti ce matin-là à 6h40 et j’ai terminé la nuit à 01h30. Si je compte bien, ça ne fait pas trop loin de 19h de marche. Laini, l’ange du check point, était présente à mon arrivée et a traité mes ampoules, de 01h45 à 02h30. Couché à 3h00, je me suis relevé le lendemain à 6h30. Je n’ai pas vraiment bien dormi car les jambes et les pieds faisaient mal et un hamac, c’est cool pour faire une sieste au soleil un samedi de congé, pas pour récupérer d’une journée de 19h de marche!

Finalement, la dernière journée de 24km, s’est bien déroulée. Ce fut très long, mais j’y suis arrivé. D’ailleurs, avant l’arrivée, Rebecca, une super australienne et venue me rejoindre environ 500m avant la fin et Kevin un Belge super sympathique, qui est devenu mon pote, m’attendaient 100m avant l’arrivée avec une bière et des verres. Nous avons donc, tous les 3, pris un verre de bière pour célébrer la fin de cette épreuve de fou, 100m avant la fin. Il n’y a aucun mot qui pourrait d’écrire ce moment de complicité. Merci Kevin et Rebecca.

Je vous l’écrivais, dans ces moments, on touche l’âme. J’ai senti mes enfants. Réellement. Ma petite qui se couche la tête sur mon épaule. Les cheveux de mon 3ème qui se prennent dans ma barbe lorsque je le monte dans son lit. Mon 2ème qui se colle comme un chat sur moi dans le divan. Mon premier qui vient me réveiller en se blottissant dans mon dos. J’ai ressenti ma douce qui met son nez dans mon cou. Je n’ai pas eu à imaginer ces moments. Ils se sont présentés à moi tout simplement et j’ai apprécié la chance que j’avais. J’avais l’amour qui sortait de tous les pores de ma peau. Je n’avais jamais ressenti autant ma famille sans être avec eux. Ésotérique? Peut-être. Mais je vous jure que c’était particulier.

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J’ai touché ma limite. Ce genre de course sert à se découvrir, découvrir cette fameuse limite. Je l’ai dépassée, avec de l’aide, mais dépassée. Je ne pourrais pas dire que je suis fier. Ce n’est pas le bon terme. Je n’ai pas fait cette course pour prouver quoi que ce soit, à qui que ce soit, mis à part moi. Je me suis prouvé que j’étais capable. Ce soir, en écrivant ce billet, je ne réalise peut-être pas encore ce que j’ai fait. Oui c’était difficile, mais c’était surtout merveilleux. Oui j’ai souffert, mais je me suis surtout dépassé. Pour certain, ce que j’ai fait est un exploit. Ce l’est peut-être. Cependant, je n’en suis pas certain. Pour moi, c’est surtout une expérience Humaine. Une épreuve physique et mentale qui me servira dans les moments plus durs de ma vie.  C’est une histoire que je pourrai raconter à mes petits-enfants un jour. C’est une médaille que je n’ai pas besoin de d’accrocher à mon cou, car mes tripes l’ont portée…

Finalement, je suis peut-être un peu fier. Je ne suis pas fier d’avoir réalisé cette course en particulier, mais fier de prouver aux gens que c’est faisable. Vous savez depuis mon retour, je me suis fait dire à quelques reprises que j’avais servi d’inspiration à des gens. Cela n’a jamais été mon objectif. Je ne me considère pas du tout comme un modèle, je l’ai dit à plusieurs reprises. Mais si grâce à cette histoire, des gens acceptent que l’on puisse réaliser ses rêves même s’ils sont fous, que l’on puisse se dépasser même si on est un père de famille, qui travaille à temps plein, qui aime le vin (et qui va bientôt se marier J), c’est tant mieux. Si des coureurs qui sont sur le point d’abandonner, pensent à moi en se disant que tout est possible et que cela les aide à terminer leur course, super…
 

Donc, je ne courrai jamais plus que 10km…même si ma gazelle essaye de me convaincre de m’inscrire à un trail au Sri Lanka dans quelques années. Non, jamais plus de 10km. Au pire, j’en ferai plusieurs collés par jour, car vous savez : ce que femme veut…
 
 
                                                                       Laini et Andrew, les anges


                                                       Kevin et Rebecca à l'arrivée

 

 

vendredi 16 octobre 2015

Jungle Marathon : l’introduction


Ça y est, je suis de retour. Assis dans mon divan, nous sommes vendredi matin et le Jungle Marathon semble déjà loin. Évidemment, il y a toujours une période où on ne réalise pas trop ce que l’on vient de faire et je suis peut-être dedans. Pour l’instant, je suis heureux d’être avec ma fiancée et mes enfants. Je suis content d’entendre crier, d’avoir à répéter 1000 fois aux gars de se préparer car ils vont manquer leur autobus. Je suis content de voir ma cocotte qui se tient debout et qui marchera bientôt. Je suis content d’être là.

Je tente de faire un bilan de cette épopée de fou et il m’est difficile de tout rassembler. Il y a le côté physique de la course, le côté humain. Il y a la difficulté psychologique de l’épreuve et j’irais même parler de l’aspect spirituel. Il y a ce sentiment de fierté mais également le sentiment de doute. Il y a aussi de fichu feeling d’avoir plus de visibilité et de reconnaissance que ce que je mérite…

Je vous explique. Très honnêtement, je sais que ce que j’ai fait semble exceptionnel et l’est peut-être un peu. Mais je suis persuadé que plusieurs d’entre vous auriez la capacité de réaliser ce défi. Je ne suis pas un athlète de pointe. Je me suis convaincu que j’étais capable, je l’ai fait. Mais je savais que j’allais souffrir, je savais que cela prendrai du temps, de l’entraînement et de l’argent et j’ai accepté de me lancer dans l’aventure. Car il ne faut pas oublier que c’est 1 an et demi de préparation!

Les gens ordinaires peuvent réaliser des choses extraordinaires. Il suffit simplement de se donner le coup de pied et de croire qu’on est capable. Les coureurs du Jungle Marathon étaient comme moi, des monsieurs et madames tout l’monde. Ils avaient des enfants, un travail. Les super-héros n’existent pas. À part quelques exceptions de la nature qui ont une génétique particulière, nous sommes tous des gens ordinaires. Certains veulent croquer dans la vie, j’en fais partie. 
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Comme je ne veux pas écrire un blog de 20 pages, j’ai décidé d’en écrire plusieurs petits. J’écrirai selon l’état du moment. Donc ne vous en faites pas, selon mon état, seront plus joyeux que d’autres, plus drôles. Certains seront assurément plus « profonds », plus sombres. Car une chose est certaine : je suis allé jouer dans un endroit que certains là-bas appellent « le trou noir à l’intérieur de nous », endroit sombre dans lequel on veut sortir rapidement. Je crois d’ailleurs que notre limite personnelle s’y trouve. Car oui, je voulais trouver ma limite et je l’ai vue. Je me suis même assis dessus. J’ai failli tomber.

Je vais écrire ces articles pour me rappeler. Ce sera un journal, un récit d’une épreuve humaine autant que physique. Ce sera le souvenir et les raisons du pourquoi je suis différent. Car je sais pertinemment qu’il y a un petit quelque chose de changé. Pour le mieux je crois.   

Donc, comme on dit à la télé : à suivre!

mardi 22 septembre 2015

Mon dernier blog...( avant de revenir!)


Ne vous en faites pas, je vous écrirai en revenant! Mais ce blog sera le dernier avant d’aller affronter la jungle…

J’ai encore une fois plein de chose à vous dire. Mais avant tout, cliquez ici pour écouter ce que j’écoute en écrivant, histoire d’être un peu dans mon « mood ».

Je suis stressé. Très stressé. Le voyage, la langue, le pays, le vol et évidemment le défi! On parle quand même de 250km dans la jungle avec un sac de 20 lbs sur le dos! Je me suis rarement senti aussi fébrile! Bon stress? Assurément! J Mais il est temps que je parte…

Premièrement, je vous invite à aller sur la page Facebook de TVA nouvelles (19 septembre à 14h01) et vous verrez mon entrevue. Vous verrez aussi les 120 commentaires. La plupart sont supers, encourageants et agréables et je remercie ceux qui ont écrit. Mais quelques-uns sont assez ordinaires. Il ne faut pas s’en faire, je sais. Mais il y a cependant un petit message que j’aimerais passer à tous mes détracteurs. Lorsque vous tirez quelqu’un vers le bas, vous ne l’aidez pas. La nature humaine est faite pour évoluer, non pas pour niveler vers le bas. Mon défi est particulier je l’avoue, difficile et frappe l’imaginaire. Mais je ne suis pas suicidaire, irresponsable ou inconscient. J’ai 4 enfants que j’adore, une conjointe merveilleuse et des amis en or. Si j’avais eu peur de mettre tout cela en jeu, je n’y serais pas allé! Encore une fois, je me fous un peu de commentaires négatifs de gens que je ne connais pas. Mais svp, prenez quelques minutes pour réfléchir : si vous prenez le temps d’écrire sur Facebook des commentaires négatifs, comment encouragez-vous les gens autour de vous? Vos enfants? Vos amis? Combien de gens hésiteront à atteindre leurs objectifs parce que des « haters » auront pris le temps de défaire leur projet? Soyons fiers que des gens dépassent leurs limites! Soyons heureux que des gens tentent simplement d’avancer ou de faire avancer les autres! Encourageons les gens à ne pas rester assis et attendre que le temps passe! Nous n’avons pas tous les mêmes objectifs ni la même vision de la vie, mais respectons les autres! Nos paroles portent parfois plus que l’on pense…( ps ne vous en faites pas, j’ai eu un malin plaisir à lire les mauvais commentaires et j’ai même été très surpris de voir que mon projet pouvait autant de réactions! N’oubliez pas que l’on parle simplement de course à pied, je n’envoie pas une fusée dans l’espace et je ne me présente pas aux élections!!! J)



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Parlons maintenant des amis de course.

Votre saison de course est peut-être terminée ou se terminera bientôt. Vous avez couru plusieurs fois avec un ou des amis. Avez-vous pris le temps de les remercier? Car n’oublions pas que ce sont eux qui vous forcent à vous lever, à vous dépasser, qui vous soutiennent dans les moments les plus difficiles et qui savourent vos victoires autant que si c’était les leurs. Bon ok. Il arrive qu’ils radotent parfois les mêmes histoires au fil du temps. Il arrive aussi qu’un matin ils ne vont pas assez rapidement à votre goût ou qu’ils vous font faire un trajet que vous n’aimez pas. Mais n’oubliez pas que vous êtes également l’ami de course de quelqu’un…

J’ai quelques très bons amis de course et je les salue, vous vous reconnaitrez. Merci pour votre support et votre bonne humeur (et merci pour cette dernière sortie samedi).  Mais j’aimerais prendre 2 secondes pour rendre hommage à mon pote Pierre. Ce gars est sorti tout l’hiver à        -1000.  Depuis 1 an il s’est levé à 4h15 pour être prêt à courir à 5h parce que je voulais revenir avant que mes enfants se lèvent (sachant que son fils a plus de 20 ans, vous comprenez combien c’est un ami). Il m’a poussé, m’a écouté, m’a supporté et même si j’ai radoté mes histoires de jungle des milliers de fois, il a toujours fait semblant que c’était nouveau! Merci mec… Et vous, prenez donc 2 minutes pour envoyer un merci à vos potes de course! :)



 
Maintenant, pour la suite des choses, ce sera justement Pierre qui prendra la relève de ma page Facebook. Je serai en mesure d’envoyer un courriel par jour via un ordi branché avec une connexion au satellite. (Ne me demandez pas comment ça marche, j’en ai aucune idée). Bref, j’enverrai un courriel en 2 parties à Pierre. La première sera pour ma gazelle, et la 2ème partie sera pour vous et Pierre la diffusera sur Facebook. Si jamais vous trouvez que le message sur Facebook est un peu trop perso, avisez Pierre, il aura inversé les parties pour ma blonde et pour vous J!

Vous pourrez suivre ma progression encore via Facebook. J’aurais une balise Spot et vous verrez mon trajet en temps réel en cliquant sur le lien qui vous sera présenté. Si vous constatez que la balise suit le cours d’une rivière trop longtemps, c’est que je me serai fait manger par des piranhas… Ou si je fais des cercles dans la jungle, c’est que je suis dans l’estomac d’un jaguar! J. Ben non ben non, ne vous en faites pas. La jungle marathon en est à sa 11ème édition et tout est en place pour assurer la sécurité des participants.

Finalement, en fouillant sur le site www.junglemarathon.com  vous pourrez m’envoyer des messages. L’organisation les imprime et nous les donnent à la fin de chaque journée. Je vous jure pour l’avoir vécu en 2013 au Marathon des Sables, c’est du bonheur en papier. Alors si vous avez quelques minutes du 4 au 10 octobre, n’hésitez pas!

Donc ça y est… Jungle Time!

mardi 8 septembre 2015

Apprendre à perdre...


Bon ok. On va se la jouer honnête.

Première étape, mettez des écouteurs ou montez le son de votre ordi;

Deuxième étape, cliquezici et partez la musique. Pas de gêne, montez le volume. Ensuite revenez lire;

Troisième étape soyez prêts, je ne ferai pas dans la dentelle.

Courir n’est pas toujours une partie de plaisir. Samedi dernier, ce fut le cas pour moi. 80km de prévu à la Chute du Diable. Un super évènement de course en sentier, une organisation parfaite, des coureurs et des bénévoles trippants, tout y était. Je vous jure, c’était parfait. Tout était parfait, sauf mes jambes, mon moral et ma préparation à la course.

J’ai approché cette course comme si j’allais courir un 5km sur la route. Un peu                    (beaucoup) à la dernière minute. Focus sur le Jungle Marathon, je me suis dit que j’étais prêt pour courir 80km! Pas de stress! Je me suis pris pour un autre? Peut-être. (Probablement) 80km? Pfff. Y a rien là! (1ère erreur)

Donc je suis parti à 03h45 de chez moi et me suis élancé à 5h samedi matin dernier, après m’être couché la veille à 23h, avoir bu du vin et une bière. Notez que j’ai mangé des pâtes, histoire de me faire croire que j’étais discipliné. (2ème erreur)

Déjà après 10km, je savais que j’allais en chier. Oui oui, en chier. Car n’oublions pas que je courais avec mon sac d’environ 18lbs et les vêtements que je porterai dans la jungle : c’était la dernière grosse pratique. Donc après 10km, le diable était déjà dans ma tête. Il me disait : « Arrêtes ça tout de suite, de toute façon tu ne seras pas capable. » 10km… Il m’en restait 70! J’avais les jambes molles, les pieds douloureux et le moral au plus bas. Incapable de me sortir ce foutu diable de la tête, le salopard continuait : « T’es fatigué Carl! T’as eu une année intense avec les enfants, la job, l’entraînement, le demi des pompiers. Tu es ben trop fatigué…Tu devrais arrêter et aller passer la journée avec ta famille! »

Rendu autour de 25-30km, je commence à rencontrer des gens à sens inverse qui font le 50km. Les coureurs sont heureux, ils ont le feu dans les yeux, le sourire aux lèvres et je sens qu’ils sont forts. Le diable est derrière eux, mais n’arrive pas à les rattraper. Cet osti là me fait des clins d’œil en passant en me dit de l’attendre, qu’il reviendra pour moi bientôt. Notez que j’ai d’ailleurs croisé Sébastien Roulier dans ces environs qui était à son retour sur le 80km, et d’après moi ce gars court tellement vite qu’il donne des coups de pieds au diable pour le tasser du chemin!!!

Je croise des gens que je connais et d’autres inconnus, qui m’encouragent pour la course mais qui en profitent aussi pour m’encourager pour le Jungle Marathon. Wow! C’est vraiment stimulant et je suis super heureux. (Merci d’ailleurs à tous ceux que j’ai croisés, vous m’avez permis d’oublier le diable plusieurs fois pendant quelques minutes J ).

Mais le sale con de diable continue : « Tsé Carl, t’as pas le choix de finir cette course, les gens te reconnaissent, ils sont venus t’encourager au 5 à 7, tu t’es mis la face dans les médias…t’as pas le choix de finir ce 80km…mais tu ne seras pas capable! Qu’est-ce que les gens vont penser de toi?».

Un peu plus tard, je rencontre Junior, un pompier avec qui je travaille. Il fait son 1er 50km. Ouff. Le gars a tellement l’air solide et souriant! Je ne veux pas avoir l’air trop défait, mais la course commence vraiment à être difficile. On échange  quelques mots, je suis content de le voir encore si en forme. Ensuite c’est Guylaine, une autre qui flotte malgré sa première expérience du 50km. Wow, je suis heureux pour mon amie car je sais que c’est un vrai défi, mais elle semble tellement zen! Je lui demande d’appeler mon pote Pierre pour lui dire de venir me chercher plus tard, car ma course va mal et je crois bien que je devrai finir seul, longtemps après la fin officielle de la course. Je sais déjà que je n’arriverai pas dans les temps de passage et suis résigné à donner mon dossard et finir solo.

L’idée est donc de me rendre au 40ème km, histoire de pouvoir dire que je reviens sur mes pas et changer mon état d’esprit. Rendu au 40ème, je suis officiellement hors délais.

J’arrive au ravito du 46km. Sur place il y a Martin Rouillard. Un autre super coureur de trail du Québec avec de l’expérience et surtout un gars vraiment sympathique. Je lui demande  conseil. Car rendu à ce ravito, le diable a gagné : j’ai décidé d’abandonner. J’expose à Martin la situation. Sa réponse est comme un vent du large qui balaye mes doutes. « Carl, laisse-moi ton sac, mets-toi en short et en t-shirt et fini la course, simplement pour le moral et partir dans la jungle avec la conscience tranquille. » L’idée est parfaite. Même le diable a fermé sa gueule. Je parle avec Éric, responsable du parcours, lui explique que je repars. Il est d’accord car il me connaît (il me fait une fleur car je sais que cela ne lui fait pas plaisir : Merci Éric…).

Sur le point de repartir, un gars qui avait abandonné est séduit par l’idée de repartir avec moi. Il me demande si c’est ok pour moi. Pourquoi pas! Donc on repart ensemble après avoir établi quelques petites règles très simples : je cours à un pace de 6km/h minimum et je marche dans les côtes. Il est d’accord. Il me dit qu’il a de l’expérience dans les ultras et que ce ne sera pas un problème.

J’attaque le sentier comme un chien fou. Je vole littéralement. Je suis léger sans le sac, je suis au frais en short et je crois à mes chances de rattraper l’heure perdue. Seul petit problème, mon partenaire finit par tirer de la patte. Nous devons même nous arrêter car il est étourdit. Fuck. Méga Fuck.  Je ne le laisserai pas seul dans le bois dans cette condition! En plus ce sont mes amis qui organisent la course, ce ne serait pas très cool de ma part de leur dire : Hé en passant, j’ai laissé un gars à 5km du ravito, il ne se sentait pas bien! Donc je reste assis avec lui mais je sens que le diable revient… Je m’étais sauvé, mais il m’a retrouvé et il est bien décidé à ne pas me laisser repartir.

Après quelques interminables minutes, on repart en marchant. Je suis tellement en colère! Hors de moi. Le diable coule dans mes veines. Je commence à penser qu’il s’est peut-être matérialisé dans le coureur qui m’accompagne. Je cours peut-être avec le diable!

Arrivé au ravito 57km j’annonce à Éric que c’est fini pour moi. Mon partenaire me demande si c’est de sa faute? "OUI!!! Tu m’avais dit être capable de suivre le pace! En plus, t’as failli écraser dans le sentier! J’ai un pompier qui est mort voilà maintenant 3 mois à mon propre demi-marathon, penses-tu que je t’aurais laissé là, seul dans le bois, à voir la façon dont tu te sentais?!?¸" Je suis en colère. Pour ceux qui me connaissent, vous comprendrez que cette réponse que j’ai donnée au pauvre type ne me ressemble pas. Le diable encore. Normalement j’aurais gardé cette réflexion pour moi car le mec a fait la même distance que moi, se sent probablement autant sinon plus découragé que moi, et ma réaction est de lui rentrer dedans comme un bulldozer.  J'y repense et je me sens mal. Le pauvre gars. Désolé mec. En passant, je n'aurais peut-être pas plus finit la course si j'étais parti seul! Malheureusement, au moment où il m'a posé la question, disons que je n'étais pas très zen. Désolé encore!

Donc ma course s’est terminée là. Beurk.

Maintenant que je suis un peu moins tout croche (ça doit paraître à me lire) voici quelques apprentissages qui j’espère vous servirons. Ne vous en faites pas, je serai le premier à les mettre en place.

1.       Ce n’est pas toujours facile de courir. Des fois c’est même chiant.

 

2.       Joan Roch dit que c’est possible d’apprendre à ne pas abandonner. Il a probablement raison. Moi je vous dis qu’avant d’apprendre à ne pas abandonner, il faut apprendre à abandonner. Le DNF qui apparaît à côté de votre nom (Did not finish) est quelque chose qu’il faut accepter. Je vous jure que pour moi, c’est difficile! Je dois apprendre…

 

3.       Le diable viendra un jour vous rendre visite pendant une de vos courses. Je ne sais pas trop comment le combattre, je sais que je vais plutôt l’apprivoiser.

 

4.       Gérez votre course et votre préparation. J’ai mangé tout croche la semaine avant, je ne me suis pas alimenté correctement pendant la course. J’ai regardé la carte  du parcours avec les ravitos 2 jours avant la course. Pas fort, pas fort.

 

5.       Prenez les choses au sérieux, pas vous. J’étais trop confiant, pas assez préparé. Il faut que ce soit l’inverse : Pas trop confiant et assez préparé!

 

Je pourrai me trouver 1000 défaites pour expliquer mon mauvais résultats dans cette course. Je sais que vous m’aiderez car vous êtes gentils. Mais soyons honnêtes. Si je n’avais pas été si con, j’aurais terminé le 80km, j’étais physiquement prêt. 

 

Donc pas de défaites. On se relève, on corrige et on recommence.

 

En finissant, quelques mercis très importants :

1.       Mario, Mélanie, Peggy, Éric, Caroline, Daniel , Guy Boisclair et tous les bénévoles de la Chute du Diable. Quelle course, quelle organisation! Bravo.

2.       Martin Rouillard et Éric (encore) pour votre support au 46ème km.

3.       Tous les coureurs que j’ai rencontrés sur le parcours. Je pourrais en nommer beaucoup mais je ne veux pas en oublier. Merci pour les encouragements et félicitations à vous!

4.       Merci à mes potes qui m’ont écrit en privé après pour prendre des nouvelles et me donner une tape dans le dos.

5.       Pierre Champagne pour les lifts avant et après. Surtout pour ton analyse de la situation qui m’a aidé à extraire le diable (un peu).

6.       Finalement ma gazelle qui sait toujours gérer la situation et me ramasser. Ma belle, est-ce que je t’ai déjà dit que je t’aimais?

 


Une période d'échec est un moment rêvé pour semer les graines du succès.
Paramahansa Yogananda

 

dimanche 30 août 2015

Pourquoi courir 254km dans la jungle ? (Lettre pour mes enfants…et ceux que ça intéresse)

 Cette question, on me l’a posée beaucoup récemment à propos du Jungle Marathon. Encore plus jeudi dernier lors de mon 5 à 7.  D’ailleurs quel 5 à 7! Il y avait tellement de monde et d’énergie positive que je pense bien faire le jungle marathon au sprint! Merci beaucoup…

Donc je reviens à ma question : Pourquoi? J’essaie de trouver des réponses adéquates. J’essaie de trouver des réponses qui seront le plus authentique possible. J’essaie de mettre en mot ce que je ressens. Mais à moins d’un mois de mon départ, la réponse est simple : je n’arrive pas à exprimer clairement ce qui se passe à l’intérieur.

J’ai parlé avec mon père de ce sujet. Je lui ai exposé mon malaise à répondre à cette question car je la trouve tellement difficile! Il m’a demandé : Carl, si tu vois une montagne devant toi, vas-tu la montée ou faire le tour? Nous connaissons la réponse.

J’ai aussi parlé de ce sujet ce matin avec 2 amis. Aucune réponse concrète. Pas de belles phrases toute faites. Mais quelques réponses qui en disent long :

1.       Si avant de t’inscrire à une course tu as des papillons dans le ventre, c’est bon signe;

2.       Si tu vis une passion, tu es dans la bonne direction;

3.       Si tu es prêt à tolérer un peu de douleur parce que le bonheur que cela rapporte est encore plus grand, c’est bien;

4.       Si tu es content de partir, que tu profites du moment, et qu’à ton retour tu es présent pour les tiens et heureux d’y être, il y a une partie de la réponse…

Évidemment, j’ai continué ma réflexion. Et si j’allais consulter un psychologue? C’est vrai ! Parce que pour faire quelque chose d’aussi fou, il faut nécessairement qu’il y ait quelque chose qui cloche chez moi? Probablement que le psychologue trouverait une explication, un « problème ». Il aurait peut-être même raison!

Mais si j’ai simplement le goût de me sentir en vie? Pourquoi pleins de coureurs ont affronté un marathon aujourd’hui? Pourquoi des gens comme Fred Dion traversent l’Antarctique tracté par un cerf-volant ou réalisent d’autres exploits de ce genre? Pourquoi des gens vont faire des missions humanitaires dans les endroits les plus durs de la planète et pourquoi d’autres font du bénévolat en plus de leur travail, leurs enfants, etc…

 Peut-être (probablement) que de courir 254km dans la jungle est loufoque, voir absurde, tout comme sauter d’un avion avec un parachute. Mais attention : Loufoque pour qui? Absurde pour qui?
Je ne crois pas avoir la vérité. Je ne crois pas que ma réflexion soit assez profonde pour être étudiée à l’université. Une chose est cependant certaine : je suis en vie.

Peu importe la façon. Peu importe la distance, le sujet ou la passion, faites quelque chose qui vous fait vibrer. Ne cherchez pas toujours des réponses rationnelles lorsque votre cœur vous dicte une action. 
 Et surtout, ne laisser pas votre vie sur le pilote automatique…

lundi 8 juin 2015

J'ai couru le dernier km


Ce midi je suis sorti courir sous le déluge. J’avais besoin de courir. Besoin de souffler un peu et d’écouter de la musique. Besoin de faire un premier tour de la question dans ma tête, replacer les idées dans l’ordre.

Sur le parcours, je suis arrêté à l’école de mon fils le plus vieux, voir si tout était ok. Shawi c’est petit et comme ce triste évènement a reçu une couverture médiatique impressionnante, je voulais m’assurer que mon petit mec était ok et que ces amis ne lui posaient pas trop de questions auxquelles il ne pourrait répondre. Son enseignante a gentiment pris le temps de me rassurer et m’a assurer que je serais rejoint si nécessaire. Car non, je ne lui ai pas encore parlé du drame, je dois le digérer pour commencer. Merci madame C.

Ensuite j’ai continué mon trajet. J’ai tourné et retourné, mais je savais qu’il me mènerait à un endroit précis. Consciemment ou non,  je suis arrivé à l’endroit ou Maxime est tombé. J’ai couru. J’ai fait le  dernier kilomètre.

Arrivé à la ligne, j’ai ramassé mes idéaux, mes objectifs et mes certitudes qui étaient toutes cassées sur le sol, les ai mises dans ma poche et je suis retourné à la caserne. Je réussirai à les recoller, mais pour l'instant le tube de colle est vide!

Ce drame est atroce de par l’âge de Maxime et toute l’incompréhension qu’il suscite. Il est dévastateur pour une famille aimante qui devra affronter l’ingérable, la perte d’un fils, d’un frère sans oublier ses amis et sa conjointe. Ce drame est ironique, car Maxime était un ange, façon dont on surnomme les gens qui poussent les chaises de la course du Bonheur et parce qu'il était à 1km de la fin. Ce drame est collectif car une famille de pompier, particulièrement les coéquipiers qui ont couru avec lui, est sous le choc.

Je vous remercie tous des bons mots que vous avez eus pour l’organisation, les pompiers et surtout la famille de Maxime… Je vous ai déjà parlé de ma communauté? Cette fois-ci je la sens derrière les pompiers. 

Merci à M.Anger, maire de Shawi qui a pris le temps qu’il fallait pour accompagner ses pompiers, ainsi que le directeur de la ville, Gaétan Béchard , mon boss direct François et tous les autres qui se sont déplacés pour nous prêter mains forte, car même les pompiers, ils pleurent.

 Je n'écris pas ce texte pour attirer la sympathie ou la compassions car honnêtement si vous avez de l'énergie à envoyer, qu'elle soit dirigée vers la famille de Maxime. Nous vivons un drame qui n'a aucune commune mesure avec celui vécu par sa famille.
Mais je tenais vraiment à le faire et à le dire:
                                                                Maxime, j’ai couru le dernier km.

jeudi 21 mai 2015

Le cadran, la jungle, les dodus et les bobettes


                J’ai beaucoup de chose à vous raconter. Très beaucoup ! (peut-on dire ça?) Mais je vais vous faire ça bref et touchant.

Premièrement je vais vous confesser quelque chose. Je ne me suis jamais levé à 5h pour courir. Ni à 4h30 d’ailleurs. Vous imaginez?  4h30!!! Beurk!!!  Moi je me réveille toujours plus tard. 5h02, 4h33, 4h17. Vous pensez que je niaise? Pas du tout!

                Qu’est-ce qui coûte le plus cher? Un café à 1.98$ ou 2$? La comparaison est identique pour l’heure à laquelle je règle le cadran. Essayez, je vous garantis que ça fonctionne! Bon, je vous laisse le droit de me trouver un peu bizarre, mais qui ne l’est pas…

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2ème chose. Mon billet d’avion pour le Jungle Marathon est acheté. Mes vaccins contre la fièvre jaune sont faits et ma balise « spot » afin que vous puissiez me suivre est en fonction.  Le projet se rapproche! On dirait que je commence à être un peu nerveux! Cela repose peut-être  sur le fait que j’ai reçu un courriel de 5 pages m’expliquant toutes les « bebittes » que je pouvais rencontrer là-bas! Ou encore sur le fait que je voyagerai pendant 2 jours avec  4 escales pour rendre? Peut-être est-ce aussi par ce je n’ai aucune idée du défi dans lequel je plonge ? L’inconnu, c’est trippant mais ça fout les chocottes!  (Je peux dire ça?)

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3ème chose. Cette fois-ci je suis très sérieux. Je m’adresse à vous les débutants. Vous les coureurs qui veulent perdre du poids ou améliorer leur santé et qui sont gênés de courir. Soyons honnêtes : vous les dodus. Gars et filles. Je n’ai qu’une chose à vous dire : Soyez fiers!!!

          Depuis le début de la saison, j’ai vu beaucoup de coureurs « enrobés » qui courent la tête penchée vers l’avant, et qui tirent sur leur gilet. (Notez que je sais de quoi je parle, j’étais un petit dodu moi-même!) J’ai fait le commentaire à ma blonde, elle a remarqué la même chose. Elle m’a même raconté avoir vu une coureuse qui semblait s’arrêter  de courir lorsque des marcheurs se rapprochaient d’elle à contre-sens. Voyons!

                Hé les dodus! Soyez fiers! Courez la tête haute!!! Regardez le ciel, le soleil et les gens dans les yeux! Soyez fiers de vous être donné le coup de pied pour partir, ce que la majorité de la population n’a pas fait! Soyez fiers d’affronter le regard car vous y êtes! Vous êtes un coureur, une coureuse! Vous n’êtes pas rapide? Et puis quoi? Vous bougez, vous courrez, vous vivez! Vous n’êtes pas assis à douter de vous et vous morfondre, vous êtes dehors comme des guerriers à affronter les préjugés, mais aussi les bobos du début, la fatigue, l’inconfort des nouveaux muscles qui se font sentir!  Soyez fiers!

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Dernière chose. Les bobettes, boxeurs, slips, canisons (on peut pas dire ça, je sais…). On ne parle jamais assez des slips. Pensez-y avant de partir pour une longue sortie! Ça irrite, ça remonte, c’est trop chaud etc… Je vous le dis, on ne parle pas assez des slips. Ottawa s’en vient. Vous avez choisi vos souliers de course, vos chaussettes, votre gilet, vos gels et la musique dans votre lecteur mp3. Mais qu’en est-il de vos boxeurs? Bref, je cherchais uniquement un moyen de vous souhaiter bonne course! Peu importe la distance ou le temps, profitez du moment dimanche prochain!
 
 
CArl

mardi 28 avril 2015

La vie, un long fleuve ( pas si) tranquille.


Cliquez ici avant de commencer pour écouter ce que j'écoutais en courant...

      Faudrait bien que je rencontre le gars qui a écrit cette célèbre phrase!  Je l’inviterais à passer quelques semaines avec moi et il changerait probablement pour : La vie, un rapide qu’il faut descendre avec un pince nez! J

      Vous aurez compris que ce fut assez intense récemment! Premièrement mon père qui est tombé malade. Vous savez l’autre célèbre phrase : mon père est le plus fort ? Lorsque je l’ai vu entrer dans la salle d’opération avec sa jaquette, disons que ma perception de ce père invincible a quelque peu changé…

    En même temps, le lendemain de l’opération en fait, lui et ma mère déménageaient pour se rapprocher, la date ayant été fixée depuis quelques semaines déjà. Donc j’ai aidé ma mère pendant que mon père était cloué à l’hôpital. Le connaissant, il devait être plus stressé de nous savoir travailler que pour sa propre santé!

    Ma gazelle, le lundi suivant, commençait un nouvel emploi. Il faut se rappeler que nous avons une mini-gazelle de 7 mois avec pas de place en garderie!!! 2 stress de plus pour ma douce et moi.

    Finalement, une préparation pour un jungle marathon qui bat de l’aile. Des idées pour amasser des fonds, mais rien de concret et des entraînements difficiles à réaliser par manque de temps. Ajouter la préparation d’un demi-marathon et vous avez un super cocktail pour passer quelques nuits blanches! Comme mes nuits habituelles sont généralement courtes,  je commence à être un peu fatigué!

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Il est 21h  mardi de la semaine dernière. Il pleut, les enfants sont couchés et je discute avec ma blonde de son nouvel emploi. Je suis brûlé, mais je n’ai pas couru aujourd’hui et ça me fatigue. Je sais que je devrais me coucher, mais je dois aller chercher le camion  dans le stationnement du garage et y aller en courant me ferait probablement du bien.

Je m’habille…lentement…Allume ma montre…lentement…sors de la maison…très lentement! Et je m’élance. Ce n’est pas trop froid, la pluie tombe doucement, les rues sont tranquilles. Je tente de faire le vide en écoutant de la musique. Ne rien penser, respirer.

Inévitablement, je fais le bilan des dernières semaines. La maladie, le déménagement, la nouvelle job, la gardienne, le demi, etc.

J’arrive sur la 6ème. Je fais exprès pour courir dans les trous d’eau, petit plaisir de la vie. La pluie tombe sur l’asphalte noir, et le feu rouge reflète dans la  flaque d’eau devant moi. Aucune auto. La vie est douce, la course est calme.

Je fais le point. Mon père est rendu à la maison, il prend du mieux. Mes parents sont installés dans leur nouvelle demeure. Ma beauté s’habitue à son nouvel emploi et nous avons trouvé une gardienne hors pair. Une amie en plus, qui par un concours de circonstances peut nous aider pour quelques mois. Évidemment, il ne faut pas oublier belle-maman et son général ainsi que mes parents qui sont là pour nous aider aussi.

Je pense à mon expédition. J’avais quelques projets pour amasser des fonds, comme donner des mini-conférences, idée qui me semblait bonne mais pour laquelle j’avais des réserves. Beaucoup de gens sont bons pour ce genre de présentations et à l’aise. Pas moi. Moi, je cours, j’écris et j’organise. Voilà ce que j’aime. J’aime courir le soir, le matin, dans le bois et sur la route. J’aime organiser des courses dans ma communauté et des soupers entre amis! Mais je ne suis pas très à l’aise à parler de moi devant les gens. Les limites, il faut les dépasser. Mais parfois il faut aussi les respecter! Tout est dans l’équilibre!

J’arrive au garage. Je suis zen. Le rapide s’est calmé, je peux enlever le pince-nez…

 

 

 

 

 

vendredi 20 mars 2015

Code de conduite lors des courses ( révisé)


Nous sommes vendredi soir. Il est 22h. Ma gazelle s’est littéralement évanouie sur le divan, les enfants sont couchés et je dois avouer que le point culminant de ma soirée a été d’écouter la nouvelle version de Annie, une comédie musicale pour enfants…Disons que je suis loin de me définir comme un party animal en ce moment!

Je fouinais sur les Internet et suis tombé sur un blog qui parlait des règles non-écrites à respecter lors des évènements de course. https://courseapied.ca/2015/03/18/code-de-conduite-a-respecter-lors-dun-evenement-de-course-a-pied/

Je me suis mis à rire en imaginant faire tout l’inverse. Je ne dis pas que ces règles précédentes sont mauvaises, au contraire, mais imaginez :

1.       S’installer à l’avant du peloton sur la ligne de départ du marathon de Mtl. Il faut évidemment porter un survêtement de jogging gris un peu trop court et un bandeau en ratine rouge sur la tête. Faire des étirements compliqués en chantant : « J’ai un amour qui ne veut pas mourir » risque assurément de causer un effet bœuf!

2.       En arrivant au point d’hydratation, prendre le verre de Gatorade, se rincer la bouche et recracher dans le verre. Ensuite, s’installer sur le côté et tendre son verre au coureur qui nous suit.

3.       Se mettre une main sur la poitrine et se laisser tomber. Lorsque les coureurs s’arrêtent pour vous aider, se relever et partir au sprint en criant : « je vous ai eu! »

4.       Un peu avant la fin du marathon, s’arrêter, prendre un bénévole dans ses bras en faisant semblant de pleurer et lui chuchotant : « s’il cherche le gars avec le dossard 439, il me suivait de trop près. Je l’ai caché dans un buisson au km 32. Si la police me cherche, vous ne m’avez pas vu… » Ensuite vous repartez…

5.       Se rapprocher d’un coureur qui porte des écouteurs. Vous faites semblant de lui parler. Lorsqu’il enlève ceux-ci, vous accélérez un peu. Et vous recommencer quelque fois!

6.       À plusieurs points de ravitaillement, il y a des pots de vaseline avec des bâtons pour en appliquer sur vous. Vous commencez par prendre le bâton et bien crémer vos aines. Ensuite en ressortant le bâton de votre short, vous vous faits 2 traits de vaseline sous les yeux comme les joueurs de football, évidemment en prenant soins de bien fixer le pauvre bénévole directement dans les yeux en prenant votre air un peu disjoncté. Vous remettez finalement le bâton dans le pot en fredonnant l’air de EYE OF THE TIGER.

7.       Pendant la course, sautez par-dessus les grilles d’égout sur le côté de la rue en criant youhou!

8.       À votre arrivée, lorsque le bénévole vous remet la traditionnelle médaille, lui redonner et lui en demander une autre car vous trouvez que la vôtre est trop pesante!

 

Bonne fin de semaine et n'oubliez pas: sortez courir! Le printemps est arrivé!

dimanche 15 mars 2015

La médaille…cette rondelle de métal.


      J’ai toujours eu un peu de difficulté avec la remise des médailles à la fin d’une course. Oui aux médailles pour les 3 premiers, mais pourquoi donner une médaille au 3264ème  d’un marathon?  Je sais que c’est important ce bout de métal, mais pourquoi? Pour qui?

Mes médailles sont dans un cartable, rangé dans le fond d’un garde-robe. Lorsque j’ai déménagé, je suis tombé sur ce cartable et me suis demandé ce que je faisais avec. Ça prend de la place et soyons honnêtes, ça ne sert pas à grand-chose! D’ailleurs, ma médaille du Marathon des Sables ne s’y trouve pas. Il faudrait bien que je la retrouve!!!

Bref je ne comprends pas. En fait, je ne comprenais pas jusqu’à ce qu’hier, Chaning Tatum m’explique le tout. Oui oui, cet acteur hollywoodien est monté sur scène dans le film Foxcatcher (plate à mourir) et a dit quelque chose comme : «  Une médaille d’or représente tout le travail et la détermination nécessaire à la victoire. »  Comme j’étais sur le point de m’endormir, il se peut que les phrases aient été différentes, mais le fond était le même.

Wow, finalement, c’est ça la médaille, peu importe sa teinte. C’est aussi et surtout l’effort avant. Ce sont les sacrifices, les heures d’entraînement, les bobos, les « down » et même l’investissement monétaire! C’est une super tape dans le dos qui dit : t’es officiellement pas le meilleur car ton bout de métal est pareil comme celui des 5000 autres, mais tu mérites VRAIMENT d’être fier d’avoir franchi cette ligne d’arrivée. Tu peux te la mettre dans le cou pour le reste de la journée, et même si les gens te trouvent un peu étrange, tu peux te pavaner (aujourd’hui seulement car demain pour aller au travail, ce serait un peu too much…).

Dire qu’après des années de courses et d’organisation, c’est un lutteur dans un film qui m’a fait réfléchir. On puise l’inspiration où on peut…

Ainsi, les milliers de photos de coureurs sur Facebook le lendemain d’une course vont probablement m’être plus significatives! J’étais bien content de voir vos sourires et vos rondelles, mais là au moins je vais comprendre et apprécier! Et vous savez quoi, à la fin du Demi-Marathon des pompiers cette année, j’y serai pour remettre personnellement des bouts de métal et vous dire bravo. Pour la course, mais surtout pour votre discipline, vos efforts et votre courage et ce peu importe la distance.

Alors soyez fiers d’afficher vos médailles et vous savez quoi? Faites-moi plaisir et changez votre photo de statut quelques jours pour ajouter une photo de votre bout de métal!
 

Et pour les non-coureurs…respectez la médaille… ;)