Le Cursor pedes ou coureur à pied (texte pour les
non-coureurs)
Ce texte vous aidera assurément à démystifier l’amateur de
course à pied, cet être un peu étrange que vous croisez de plus en plus sur les
routes, hiver comme été, au soleil ou sous la pluie. À la fin de cette lecture, vous pourrez
officiellement dire : maintenant je comprends!
Il y a des millénaires, l’humain courrait pour
survivre. Il courrait pour chasser sa nourriture ou pour ne pas servir de
nourriture. Il courrait pour se sauver de ses ennemis ou de sa femme… s’il n’avait
pas rapporté de nourriture!
Plus tard dans l’antiquité, un messager Grec aurait parcouru la distance
entre Marathon et Athènes pour annoncer la victoire contre les Perses en 490 av
J.-C et serait mort après avoir fait son message. De là serait née l’idée du
mythique Marathon d’environ 40 km. L’expression « oufff, je suis
vraiment mort » que les coureurs utilisent
après un marathon serait selon toute vraisemblance inspirée de cette
histoire de messager. Et au fil du siècle, la course a évoluée pour devenir un
sport, une activité et même pour certains une quasi religion!
Partie historique terminée.
Mais pour vous chers lecteurs, qui vous demandez pour en
2013 des gens de votre entourage continuent de courir en ligne droite et sans
but, voici des réponses ou du moins des pistes de réflexions sur le sujet.
1) Le coureur a toujours un objectif. Perdre du
poids, améliorer sa condition physique, réussir à flirter avec la gazelle qui
passe devant chez lui 3 fois par semaine, ou battre le temps de son collègue de
travail et lui clouer le bec à la pause-café une bonne fois pour toute lorsque
ce dernier recommencera à parler de ses exploits! Notez que tous ces objectifs
sont excellents et toutes les raisons sont bonnes pour courir. D’ailleurs les
raisons peuvent changer au fil des ans et c’est aussi accepté dans le domaine
de la course. Par exemple : « Je me suis mis à la course pour
rencontrer ma 2ème voisine qui courrait devant chez moi. Nous sommes
mariés ensemble depuis maintenant 5 ans et je vais recommencer à courir pour
perdre mes livres de grossesse sympathique, car ma femme commence à trouver que mon collègue de travail est très
impressionnant avec ses exploits de courses! »
2) Le coureur a toujours un bobo et aime nous en
faire part. Que ce soit les genoux, les chevilles, le dos, les hanches ou les
pieds, il est difficile de comprendre pourquoi il pratique ce sport qui lui
occasionne tant de blessures. Jamais je
n’oserais prononcer le qualificatif masochiste…
3) Le coureur a souvent une défaite pour ne pas
réussir le chrono qu’il s’était fixé. La température, la nourriture mangée la
veille, une vieille blessure qui est ressortie, les souliers, les ampoules, la
foule etc… (je ferai d’ailleurs probablement un texte sur ce sujet un jour). Jamais
un coureur ne vous dira tout simplement : je me suis surestimé, mon objectif était irréaliste. Ne vous en
faites pas, c’est un moyen d’auto protection tout à fait normal et qui permet
au coureur de faire mieux la prochaine fois!
4) Prenez plaisir, lorsque vous rencontrez un
coureur, à lui demander quelles sont ses motivations intrinsèques à courir. Une
fois que le silence sera passé et que ce dernier vous donnera une réponse qui
ressemble à : pour dépasser mes limites, posez lui la question : mais
pourquoi veux-tu dépasser tes limites?
Je vous promets qu’à ce moment, vous aurez beaucoup de plaisir à voir le visage
de votre interlocuteur cherchant une réponse qu’il ignore. Si vous voulez
vraiment avoir du plaisir, reposez-lui la question 1 an plus tard. Cette
question peut aussi être utilisée avec le collègue dont je vous parlais
précédemment ( il devrait alors expliquer qu’il court pour épater la galerie,
ce qu’il ne fera pas et par conséquent, vous ne devriez plus entendre parler de
course pendant un bon moment).
5) Finalement, le coureur est un être en
mission. Il tentera par tous les moyens de vous enrôler dans sa secte. Il vous
parlera du bien-être ressenti après une course, de sa concentration qui est
meilleure depuis qu’il s’entraîne ou du poids qu’il a perdu. Il vous racontera
comment c’est agréable de courir par une belle journée d’automne et comment s’est
grisant de prendre le départ d’une course comme le marathon de Montréal, avec
plus de 2500 personnes sur la même ligne que vous, et sentir le pont Jacques Cartier vibrer sous ses
pieds. Surtout ne le croyez pas! Une fois dans cette secte, il est très
difficile d’en ressortir.
J’espère donc que
j’ai réussi à vous démontrer ce qu’était le cursor pedes. Maintenant que mon
travail est fait et que vous connaissez toutes les facettes de ce personnage
étrange et complexe (voir dangereux) qu’est le coureur, je vais aller courir un
peu, histoire d’être prêt pour le marathon de 250km que je vais aller faire
dans le désert du Sahara dans moins d’un mois! J