lundi 25 février 2013


Le Cursor pedes ou coureur à pied (texte pour les non-coureurs)
 
Ce texte vous aidera assurément à démystifier l’amateur de course à pied, cet être un peu étrange que vous croisez de plus en plus sur les routes, hiver comme été, au soleil ou sous la pluie.  À la fin de cette lecture, vous pourrez officiellement dire : maintenant je comprends!
 Il y a des millénaires, l’humain courrait pour survivre. Il courrait pour chasser sa nourriture ou pour ne pas servir de nourriture. Il courrait pour se sauver de ses ennemis ou de sa femme… s’il n’avait pas rapporté de nourriture!
 Plus tard dans l’antiquité,  un messager Grec aurait parcouru la distance entre Marathon et Athènes pour annoncer la victoire contre les Perses en 490 av J.-C et serait mort après avoir fait son message. De là serait née l’idée du mythique Marathon d’environ 40 km. L’expression  « oufff, je suis vraiment mort » que les coureurs utilisent  après un marathon serait selon toute vraisemblance inspirée de cette histoire de messager. Et au fil du siècle, la course a évoluée pour devenir un sport, une activité et même pour certains une quasi religion!
Partie historique terminée.
Mais pour vous chers lecteurs, qui vous demandez pour en 2013 des gens de votre entourage continuent de courir en ligne droite et sans but, voici des réponses ou du moins des pistes de réflexions sur le sujet.
     1)  Le coureur a toujours un objectif. Perdre du poids, améliorer sa condition physique, réussir à flirter avec la gazelle qui passe devant chez lui 3 fois par semaine, ou battre le temps de son collègue de travail et lui clouer le bec à la pause-café une bonne fois pour toute lorsque ce dernier recommencera à parler de ses exploits! Notez que tous ces objectifs sont excellents et toutes les raisons sont bonnes pour courir. D’ailleurs les raisons peuvent changer au fil des ans et c’est aussi accepté dans le domaine de la course. Par exemple : « Je me suis mis à la course pour rencontrer ma 2ème voisine qui courrait devant chez moi. Nous sommes mariés ensemble depuis maintenant 5 ans et je vais recommencer à courir pour perdre mes livres de grossesse sympathique, car ma femme  commence à  trouver que mon collègue de travail est très impressionnant avec ses exploits de courses! »
 
     2)  Le coureur a toujours un bobo et aime nous en faire part. Que ce soit les genoux, les chevilles, le dos, les hanches ou les pieds, il est difficile de comprendre pourquoi il pratique ce sport qui lui occasionne tant de blessures.  Jamais je n’oserais prononcer le qualificatif masochiste…
 
     3)  Le coureur a souvent une défaite pour ne pas réussir le chrono qu’il s’était fixé. La température, la nourriture mangée la veille, une vieille blessure qui est ressortie, les souliers, les ampoules, la foule etc… (je ferai d’ailleurs probablement un texte sur ce sujet un jour). Jamais un coureur ne vous dira tout simplement : je me suis surestimé, mon objectif était irréaliste. Ne vous en faites pas, c’est un moyen d’auto protection tout à fait normal et qui permet au coureur de faire mieux la prochaine fois!
 
     4)  Prenez plaisir, lorsque vous rencontrez un coureur, à lui demander quelles sont ses motivations intrinsèques à courir. Une fois que le silence sera passé et que ce dernier vous donnera une réponse qui ressemble à : pour dépasser mes limites, posez lui la question : mais pourquoi  veux-tu dépasser tes limites? Je vous promets qu’à ce moment, vous aurez beaucoup de plaisir à voir le visage de votre interlocuteur cherchant une réponse qu’il ignore. Si vous voulez vraiment avoir du plaisir, reposez-lui la question 1 an plus tard. Cette question peut aussi être utilisée avec le collègue dont je vous parlais précédemment ( il devrait alors expliquer qu’il court pour épater la galerie, ce qu’il ne fera pas et par conséquent, vous ne devriez plus entendre parler de course pendant un bon moment).
 
     5)  Finalement, le coureur est un être en mission. Il tentera par tous les moyens de vous enrôler dans sa secte. Il vous parlera du bien-être ressenti après une course, de sa concentration qui est meilleure depuis qu’il s’entraîne ou du poids qu’il a perdu. Il vous racontera comment c’est agréable de courir par une belle journée d’automne et comment s’est grisant de prendre le départ d’une course comme le marathon de Montréal, avec plus de 2500 personnes sur la même ligne que vous, et  sentir le pont Jacques Cartier vibrer sous ses pieds. Surtout ne le croyez pas! Une fois dans cette secte, il est très difficile d’en ressortir.
 
     J’espère donc que j’ai réussi à vous démontrer ce qu’était le cursor pedes. Maintenant que mon travail est fait et que vous connaissez toutes les facettes de ce personnage étrange et complexe (voir dangereux) qu’est le coureur, je vais aller courir un peu, histoire d’être prêt pour le marathon de 250km que je vais aller faire dans le désert du Sahara dans moins d’un mois! J
 
 

jeudi 21 février 2013


Le regard des autres


 

                Un mardi soir il y a quelques années, à la course de la Série du Diable, je vois un coureur arriver avec sa poussette, sa casquette de hockey et ses bas de laine.. J’me dis : tiens cool, un père qui vient participer à une course avec son enfant et faire de l’exercice. De par son « look », je l’ai tout de suite mis dans la catégorie loisirs, donc pas trop dangereux pour mon classement mais je trouvais super qu’il participe. Erreur de ma part. Cette machine de course a terminé dans les 5 premiers ce soir-là et par la suite, j’ai réalisé que ce coureur à poussette (que les coureurs du coin auront reconnus) accumulait les honneurs.  J’ai jugé sur l’apparence uniquement…

 

 

L’été dernier, je vais dans commerce spécialisé en course à pied pour me procurer des bas de compression. J’avais beaucoup entendu parler de ce type de bas et voulais voir si cela pouvait être efficace pour moi. J’étais en préparation pour l’ultra marathon Virgil Crest ) voir mon site internet au www.sortezcourir.com)

                Donc j’entre dans le magasin, me dirige vers l’étalage de bas et commence à regarder les différents modèles. Un vendeur arrive, me demande si j’ai besoin de renseignements. Je lui réponds que je veux me procurer des bas de compression et qu’effectivement, j’ai besoin de quelques informations. Il répond à mes questions, mais je sens que l’intérêt ni est pas. Ensuite, il me dit que ces bas sont habituellement pour des coureurs expérimentés et que les amateurs n’ont pas vraiment besoin de ce type d’équipement.  Dans le même élan, il me demande ce que je fais comme course par semaine et quel est mon objectif. Je vois bien qu’il commence à y avoir un jugement de sa part. Je lui réponds que je m’entraîne pour un ultra quelques mois plus tard. À ce moment, si le regard des autres m’importait, j’aurais probablement arrêté de courir! Il m’a examiné des pieds à la tête, bien tranquillement et m’a répondu : un Ultra marathon? Dans le ton et le regard, la suite disait : si toi tu cours un ultra marathon, je m’appelle manche de pelle!

                Il faut dire que je n’ai pas vraiment le physique type d’un coureur grand et élancé! On se rapproche plus du père de famille de 34 ans, calvitie naissante, yeux pochés et quelques livres en trop par amour de la bouffe! J  Donc je comprenais ce regard et aussi que le balancier revenait!

 

                Je ne vous fais pas la morale, mais si je peux me permettre 2 conseils :
Premièrement: Il n’y a pas de style, de morphologie ou d’attitude nécessaire pour faire de la course à pied. Donc à tous les nouveaux coureurs de ce monde, ne vous laissez pas influencer par les commentaires parfois ordinaires des autres. Ayez du plaisir et dépassez-vous, c’est tout ce qui compte.

 
Deuxièmement:  À tous les coureurs expérimentés et particulièrement l’élite. Profitez de votre expérience de course et de votre statut pour aider les nouveaux. Souvent, on se compare en tant qu’humain et d’avoir un sourire ou un conseil des meilleurs, c’est très apprécié.

 

Alors sur ce, bonne course et je salue manche de pelle J.

 

 

 

lundi 18 février 2013


La zone


               Le mur, ce fameux mur du coureur. Existe-t'il vraiment? Est-ce psychosomatique? Aucune idée. Mais ce dont je suis certain, c'est que lorsqu'on le frappe, c'est dur sur le moral...

Marathon de Montréal, septembre 2010. Je m'étais entraîné pour faire ce marathon en 3h30. Lever à tous les matins avant le travail, entraînements ardus etc. C'était le marathon. Celui où je franchissait le 3h30 et savourait le fait d'avoir grandement amélioré mon temps. C'était la course de toutes les possibilités et si je réussissait à améliorer mon temps, l'étape suivante était la préparation pour une qualification pour le marathon de Boston 3 ans plus tard.

Que d'objectifs! Je me voyais déjà revenant la tête haute, applaudit par la foule qui scandait mon nom! ( ok, ok...lorsqu'on s'entraîne le matin à 5h00, on a le droit de s'imaginer de petits scénarios).

Le départ est donné. Je suis étonné de la grosseur de la foule de coureurs. Sans blagues, autant de coureurs à un même endroit, c'est impressionnant!  Tout va bien. Je flotte littéralement sur les 10 premiers km. Mon temps est bon. Il fait beau, pas trop chaud et les spectateurs sont en feu.

Je ralentis la cadence un peu, histoire de m'économiser et fait mon 1er 21,1 km en 1h49. Petit problème car lorsqu'on multiplie par 2, ça fait 3h38. Je dois donc accélérer un peu pour rentrer dans mon temps. Alors j'accélère.

Et là, au 31ème km...BANG! Le nez direct dedans. Le mur fait 4 rangées de briques d'épaisseur par 20 pieds de haut. Pas moyen de le contourner ni de passer par dessus, encore moins de le défoncer. Chaque pied pèse 1tonne. Chaque pas demande plus d'énergie que j'en ai. Je me surprend même à me demander si dans ma ceinture de ravitaillement  je n'aurais pas de l'argent pour prendre le métro. En gros, ça va pas ben!

J'essaie tous les mantras que je connais : un pas à la fois, vas-y lâche pas t'es capable, il n'en reste que 10, ta blonde t'attends à l'arrivée avec ton gars, l'important c'est de le finir. Rien y fait. Je sais pertinemment que je n'attendrai pas mon objectif, que tous ces levers, toutes ces heures de courses n'auront pas été suffisants. Alors je cours la mort dans l'âme, en me disant que je vais finir par principe et qu'on ne me verra plus courir de sitôt.

J'arrive à la ligne d'arrivée, croise les yeux de ma blonde qui comprend sur-le-champs "qu'il y a un os", et m'engouffre dans le stade en sprint pour au moins finir en moins de 4h00 ( mon temps final sera de 3h57).

J'ai cessé de courir pendant 4 mois suite à cette course. Je n'y trouvais plus de plaisir et c'était une corvée. J'ai tenté de trouver les raisons de cet échec. Trop d'entraînement? Mauvais entraînement, mauvaise préparation alimentaire? Aucune idée...

Après la période des fêtes, je recommence à courir sans but précis. Simplement pour prendre l'air et recommencer ce que j'aime faire. Je me dis que pour me réconcilier avec la course, je vais faire le demi-marathon de Mtl, sans objectif, que pour le plaisir.

Je m'entraîne de façon adéquate sans plus, profites de la vie et me dis que ce demi-marathon en sera un sans stress. Le matin de la course, je m'installe à la ligne de départ. Je prépare ma montre GPS qui me dicte ma vitesse, mes pulsations, ma moyenne STOP!!! LÀ JE COMPRENDS!!!

Je prends ma montre et l'attache à l'arrière de ma ceinture pour ne pas la voir. Je mets l'album de Damien Rice dans mon lecteur mp3 ( petite musique relaxe ) et au coup de feu, je me dis: profites-en !

J'ai fait sans contredit ma plus belle course à vie. Je n'avais aucune idée de mon temps ou ma cadence. J'admirais le paysage, courait selon le feeling et souriait au gens qui me dépassaient ou que je dépassais. WOW! J'étais dans la zone. Cette zone où tout va bien. Cette zone où ton corps sait ce qu'il doit faire sans tu aies à lui dire. Cette zone où tu te fais le commentaire : Putain! Je pourrais sûrement courir encore longtemps à cette vitesse!

Depuis cette course, il m'arrive souvent d'être dans la zone. Je ne cours pas plus vite, ni plus longtemps, mais c'est un réel plaisir de courir! Portez attention lorsque vous courrez, vous le sentirez probablement!

Si j'écris ce message ce soir, un lundi du mois de février à 23h30, c'est parce que ce soir, en courant sur mon tapis, j'étais dans la zone. Pour aucune raison. Mais ça m'a rassuré sur cette épreuve de 250km que je m'en vais faire dans le désert. Je sais que la zone existe et si je peux m'y retrouver sur un tapis de course dans mon sous sol un lundi soir, je devrais être capable de retrouver la zone dans ce fabuleux paysage que sera celui du désert.

bonne nuit!
ps, la montre est un incroyable outil d'entraînement. Mais n'oubliez surtout pas de courir pour le plaisir!



mercredi 13 février 2013

Les galettes de ma blonde

Les galettes de ma blonde…
               Je suis gourmand, je l’avoue. J’aime manger, j’aime boire du bon vin et j’aime les soupers entre amis. Parmi mes péchés gourmand, les galettes de ma blonde, particulièrement ces petites boules faites de dates, de noix de coco et de rice-crispies. Je suis capable de me lever à 4h00 pour aller courir. Je suis capable de me coucher à minuit et me forcer à étudier même quand je suis fatigué. Je ne bois plus d’alcool depuis près d’un mois afin de perdre les livres inutiles. Mais résister et ne manger qu’une seule de ces petites boules de bonheur, ainsi que toutes les autres sortes de galettes? IMPOSSIBLE!!!
               Ce doit être parce qu’elle les fait avec amour. Parce qu’elle prend le temps de ne pas mettre trop de sucre, ni de beurre ou autre aliment néfaste pour un coureur à l’entraînement. C’est peut-être aussi parce qu’un jour je lui ai dit : « Chérie, j’aime bien quand tu fais des galettes car je peux en manger une comme collation avant d’aller m’entraîner le midi. » Depuis cette phrase, je ne manque jamais de galettes.
               S’entraîner et me préparer pour le Marathon des Sables nécessite beaucoup de temps et d’énergie. Je suis souvent un peu absent, absorbé par les nombreux préparatifs, et mes conversations tournent beaucoup autour de cette fameuse course. Mais ma blonde m’encourage, m’endure et continue de me faire ses merveilleuses galettes.
               Alors en cette veille de la St-Valentin, merci ma blonde pour ces merveilleuses galettes et tout ce qu’elles représentent!

Je t’aime

lundi 11 février 2013

Une première...

Courir est simple. Mettre un pied devant l'autre un peu plus vite que d'habitude et c'est tout!

Mais avoir un blog est un peu plus compliqué pour moi. Donc svp, soyez patient, j'apprends!

             Je me présente, Carl Boulianne, coureur amateur! J'adore la course à pied autant pour le dépassement des limites que la course peut procurer que pour le sentiment de liberté ressenti lorsque l'on court. J'aime la course pour l'endorphine et parce que j'aime être bien dans ma peau. J'aime la course pour le réseau social qui y découvre mais aussi pour les moments de solitude parfois nécessaires dans une vie mouvementée. En résumé, j'aime courir.

             Si j'ai décidé d'écrire un blog, c'est pour vous tenir à jour de ma progression vers le marathon des Sables qui aura lieu dans moins de 2 mois. Même que dans 2 mois jour pour jour, je serai dans le désert du Sahara, à courir un ultra marathon de 250km divisé en 6 étapes ( 7 jours ) qui se déroule en autosuffisance.  Je n'aurai de fourni que l'eau et la tente par l'organisation. Je dois transporter sur mon dos : ma nourriture, mon équipement, mon sac de couchage, mes vêtements, etc...Donc ce blog est en fait un journal, pas si intime, de l'aventure!

           Si j'ai décidé d'écrire un blog, c'est aussi en espérant que mes garçons (4ans, 2ans et 10 mois)  puissent lire un jour sur ce défi que leur père a décidé de relevé et qu'ils comprennent que beaucoup de choses sont possibles lorsqu'on y croit. Probablement qu'ils entendront cette histoire de désert des milliers de fois dans leur vie(ad nauseam) mais avec ce blog, ils pourront me contredire lorsque je modifierai un peu trop l'histoire :

- Vous savez les gars, votre père à couru un ultra marathon de 375km dans le désert pendant 4 jours sans nourriture et uniquement avec de l'eau en avril 2013, lorsque vous étiez encore bébés!

- Papa, va relire ton blog...tu exagères un peu trop là....

          Finalement, j'ai décidé d'écrire ce blog c'est également en espérant que les gens réalisent que nous pouvons tous trouver des défaites pour ne pas se mettre en forme. Mais que lorsque les défaites sont épuisées, ou qu'on a cessé d'y croire, il ne reste qu'à mettre ses souliers, à sortir courir et se dire: Maintenant, je me prends en main et finalement, ce n'est pas si difficile!

Merci de me lire et n'hésitez pas à m'écrire!

Carl, le 11 février 2013