mercredi 22 janvier 2014

Un putain de guerrier


       Je me suis demandé de quel angle j’aborderais le sujet de ce papier. (Ok, je sais bien que personne n’imprimera ce texte, donc ce n’est pas vraiment un papier, mais vous comprenez!J).

       J’avais plusieurs angles possibles. Les obstacles supplémentaires d’un athlète handicapé? Les paralympiques? Sotchi? Le dépassement? J’ai eu ma réponse lors de la conférence de presse de la 1ère classique hivernale Broadway : J’ai rencontré un putain de guerrier!!! Et qu’est-ce qu’on fait avec un guerrier, on le traite tel quel! Donc Yves,  j’ai compris en te parlant un peu plus la semaine dernière que je n’aurai pas à « m’enfarger dans les fleurs du tapis » en parlant de toi et de notre projet!!!

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     Assis avec mon ami Pierre et nos gazelles il y a un mois, à déprimer parce que nous n’avions pas de projets à court terme, nous nous sommes demandé ce que nous allions faire cet hiver.  Nos conjointes déprimaient elles aussi, car elles appréhendaient déjà un long hiver à nous voir tourner en rond. Et un coureur qui tourne en rond, ça fait beaucoup plus de tours que la moyenne des gens! Donc après quelques coupes de vin, on se décide à organiser une course. Bon départ. Ensuite il s’agissait de trouver la distance, l’endroit, la date, etc… Et alors, Pierre avec son éternelle envie d’aider les autres me dit :

-          Pour quelle cause? 

-           Pierre, on n’est pas obligé de se rallier à une cause!  On peut-tu juste courir entre chum? Et tant qu’à s’associer à une cause sans convictions… » (notez ici que les termes sont une transcription exacte!)

Finalement l’histoire de la cause est abandonnée.

    Quelques nuits blanches (à avoir des idées pour la course) et jours plus tard, un message sur Facebook est envoyé par le club de course les Milpat : Yves Bourque, athlète handicapé de la région, ira aux jeux paralympiques en ski de fond. Si vous voulez l’aider, vous pouvez faire parvenir de l’argent à sa fondation afin de le supporter dans cette aventure.  Évidemment, Pierre m’appelle la même journée et me propose d’aider ce type.

   Ce type, je l’avais rencontré l’été passé au demi-marathon de Bécancour. Nous sommes arrivés en même temps au stationnement. Je débarque de mon véhicule et vois un gars pas de jambes débarquer du sien. Je vais le voir pour lui offrir un coup de main en me disant : qu’est-ce que gars sans jambes vient faire à un demi-marathon? (erreur de ma part, vous verrez). Il me dit que tout est ok pour lui, et nous marchons/roulons ensemble jusqu’à la ligne de départ. Il est sur une planche à roulette et se propulse avec des bâtons. Yves m’explique qu’il s’entraîne principalement en ski de fond l’hiver et qu’il fait des courses l’été pour garder la forme. Il me dit aussi que son objectif est de se classer pour les paralympiques de Sotchi en 2014. Arrivés au départ, je lui souhaite bonne chance pour la course, et surtout pour Sotchi. Je m’installe pour partir en me disant que ce gars est vraiment sympathique et qu’il doit être en forme! Il finira d’ailleurs 2ème au total à cette course. Belle leçon d’humilité! Qu’est-ce que ça fait un gars pas de jambes dans un demi? Ça te bas à plat de couture J!

     Ok, allons-y, la cause sera d’aider Yves.

      Ensuite on rencontre Marc, le propriétaire du Broadway pub et on lui propose le projet. Il embarque aussitôt! Cool! On a une classique hivernale associée à un bar, on fait un happening de course l’hiver et tout ça pour une bonne cause! Le reste de l’organisation se fait et on arrive à la conférence de presse. Les médias sont contactés, Yves sera présent, tout y est pour avoir une belle visibilité.

       La journée de la conférence, Yves arrive au Broadway à l’avance et nous discutons un peu. Le gars est toujours aussi sympathique et en plus, il dégage une énergie, une confiance et une humilité remarquable! Il se met à nous raconter son travail chez Interval, sa préparation, son implication dans le sport et le défi qu’il s’est donné de former une relève pour ce sport. Il nous parle de ses enfants, son entraînement, ses projets. Plus il parle, plus il me jette à terre. Ce mec est vraiment surprenant. Une fois la conférence terminée, un journaliste nous demande de prendre place autour d’une table pour nous filmer et faire une entrevue. Petit malaise, nous devons nous installer sur des tabourets. Je veux bien croire que c’est un gars débrouillard, un athlète, un fonceur etc,,, mais c’est toujours ben pas un acrobate! Je lui offre mon aide : autre erreur de ma part! Je n’ai pas fini ma phrase qu’il est installé sur le dit tabouret. Merde, il est allé tellement vite que je n’ai même pas vu comment il a fait! La discussion continue et il raconte qu’il a fait 2 fois le marathon de Montréal, qu’il pratique la pêche à la mouche et la planche à neige.  Ok c’est assez. Je change mon fusil d’épaule. Je n’aide plus Yves Bourque l’athlète handicapé qui ira à Sotchi. J’aide Yves Bourque, le putain de guerrier qui s’est fixé un objectif il y a 4 ans et qui l’a atteint. Qui a fait les sacrifices, qui s’est entraîné, s’est blessé, mais qui a cru à son projet et l’a réalisé. Ça c’est une bonne cause et je suis vraiment fier d’y être associé.

Alors pour ceux qui le peuvent, venez courir avec nous le 15 février à Shawinigan. Pour ceux qui sont trop loin, envoyez-lui donc un message de félicitations sur Facebook, histoire qu’il sache qu’on est avec lui.

Et finalement, pour tous ceux qui auront une petite douleur aujourd’hui ou demain et qui s’empêcheront de bouger, relisez le texte…

Le site internet d’Yves Bourque :


La page Facebook de la classique hivernale Broadway :


 

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