Je me suis
demandé de quel angle j’aborderais le sujet de ce papier. (Ok, je sais bien que
personne n’imprimera ce texte, donc ce n’est pas vraiment un papier, mais vous
comprenez!J).
J’avais
plusieurs angles possibles. Les obstacles supplémentaires d’un athlète handicapé?
Les paralympiques? Sotchi? Le dépassement? J’ai eu ma réponse lors de la
conférence de presse de la 1ère classique hivernale Broadway :
J’ai rencontré un putain de guerrier!!! Et qu’est-ce qu’on fait avec un
guerrier, on le traite tel quel! Donc Yves,
j’ai compris en te parlant un peu plus la semaine dernière que je n’aurai
pas à « m’enfarger dans les fleurs du tapis » en parlant de toi et de
notre projet!!!
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Assis
avec mon ami Pierre et nos gazelles il y a un mois, à déprimer parce que nous n’avions
pas de projets à court terme, nous nous sommes demandé ce que nous allions
faire cet hiver. Nos conjointes déprimaient
elles aussi, car elles appréhendaient déjà un long hiver à nous voir tourner en
rond. Et un coureur qui tourne en rond, ça fait beaucoup plus de tours que la
moyenne des gens! Donc après quelques coupes de vin, on se décide à organiser
une course. Bon départ. Ensuite il s’agissait de trouver la distance, l’endroit,
la date, etc… Et alors, Pierre avec son éternelle envie d’aider les autres me
dit :
-
Pour
quelle cause?
-
Pierre,
on n’est pas obligé de se rallier à une cause! On peut-tu juste courir
entre chum? Et tant qu’à s’associer à une cause sans convictions… » (notez
ici que les termes sont une transcription exacte!)
Finalement l’histoire de la cause
est abandonnée.
Quelques nuits
blanches (à avoir des idées pour la course) et jours plus tard, un message sur
Facebook est envoyé par le club de course les Milpat : Yves Bourque,
athlète handicapé de la région, ira aux jeux paralympiques en ski de fond. Si
vous voulez l’aider, vous pouvez faire parvenir de l’argent à sa fondation afin
de le supporter dans cette aventure. Évidemment, Pierre m’appelle la même journée
et me propose d’aider ce type.
Ce type, je l’avais
rencontré l’été passé au demi-marathon de Bécancour. Nous sommes arrivés en même
temps au stationnement. Je débarque de mon véhicule et vois un gars pas de
jambes débarquer du sien. Je vais le voir pour lui offrir un coup de main en me
disant : qu’est-ce que gars sans jambes vient faire à un demi-marathon?
(erreur de ma part, vous verrez). Il me dit que tout est ok pour lui, et nous
marchons/roulons ensemble jusqu’à la ligne de départ. Il est sur une planche à
roulette et se propulse avec des bâtons. Yves m’explique qu’il s’entraîne
principalement en ski de fond l’hiver et qu’il fait des courses l’été pour
garder la forme. Il me dit aussi que son objectif est de se classer pour les
paralympiques de Sotchi en 2014. Arrivés au départ, je lui souhaite bonne
chance pour la course, et surtout pour Sotchi. Je m’installe pour partir en me
disant que ce gars est vraiment sympathique et qu’il doit être en forme! Il
finira d’ailleurs 2ème au total à cette course. Belle leçon d’humilité!
Qu’est-ce que ça fait un gars pas de jambes dans un demi? Ça te bas à plat de
couture J!
Ok, allons-y, la
cause sera d’aider Yves.
Ensuite on rencontre Marc, le propriétaire du
Broadway pub et on lui propose le projet. Il embarque aussitôt! Cool! On a une
classique hivernale associée à un bar, on fait un happening de course l’hiver
et tout ça pour une bonne cause! Le reste de l’organisation se fait et on
arrive à la conférence de presse. Les médias sont contactés, Yves sera présent,
tout y est pour avoir une belle visibilité.
La journée de
la conférence, Yves arrive au Broadway à l’avance et nous discutons un peu. Le
gars est toujours aussi sympathique et en plus, il dégage une énergie, une
confiance et une humilité remarquable! Il se met à nous raconter son travail
chez Interval, sa préparation, son implication dans le sport et le défi qu’il s’est
donné de former une relève pour ce sport. Il nous parle de ses enfants, son
entraînement, ses projets. Plus il parle, plus il me jette à terre. Ce mec est
vraiment surprenant. Une fois la conférence terminée, un journaliste nous
demande de prendre place autour d’une table pour nous filmer et faire une
entrevue. Petit malaise, nous devons nous installer sur des tabourets. Je veux
bien croire que c’est un gars débrouillard, un athlète, un fonceur etc,,, mais
c’est toujours ben pas un acrobate! Je lui offre mon aide : autre erreur
de ma part! Je n’ai pas fini ma phrase qu’il est installé sur le dit tabouret.
Merde, il est allé tellement vite que je n’ai même pas vu comment il a fait! La
discussion continue et il raconte qu’il a fait 2 fois le marathon de Montréal,
qu’il pratique la pêche à la mouche et la planche à neige. Ok c’est assez. Je change mon fusil d’épaule.
Je n’aide plus Yves Bourque l’athlète handicapé qui ira à Sotchi. J’aide Yves
Bourque, le putain de guerrier qui s’est fixé un objectif il y a 4 ans et qui l’a
atteint. Qui a fait les sacrifices, qui s’est entraîné, s’est blessé, mais qui
a cru à son projet et l’a réalisé. Ça c’est une bonne cause et je suis vraiment
fier d’y être associé.
Alors pour ceux qui le peuvent, venez courir avec nous le 15
février à Shawinigan. Pour ceux qui sont trop loin, envoyez-lui donc un message
de félicitations sur Facebook, histoire qu’il sache qu’on est avec lui.
Et finalement, pour tous ceux qui auront une petite douleur
aujourd’hui ou demain et qui s’empêcheront de bouger, relisez le texte…
Le site internet d’Yves
Bourque :
La page Facebook de la
classique hivernale Broadway :
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