Une journée de travail …Au Marathon des Sables!
Je me répète : le marathon des Sables est une course de
230km eu autosuffisance dans le désert. Cela signifie que je devais courir avec
mon sac à dos toute la semaine et être équipé pour la durée du séjour. Ce que l’organisation
me fournissait : l’eau, un abri berbère et des pastilles de sel. Je
portais donc ma nourriture pour la semaine, mon sac de couchage, mon matelas de
sol, mes vêtements et mon équipement de sécurité. Le sac pesait au départ
11.5kg soit environ 24lbs.
Et les
journées se ressemblaient beaucoup. Assez pour que la 3ème journée,
je réalise qu’il y avait une grosse ressemblance avec une journée de travail
typique…
5h45 environ : réveil. Les gens se réveillent
tranquillement dans les abris et on entend des voix ( et toutes sortes de
langages) autour de nous.
6h15 environ : Lever du corps. Je suis du type à aimer
paresser un peu! Je commence à faire ma bouffe en faisant chauffer un peu d’eau
avec des pastilles d’alcool. Pendant ce temps, une équipe de 4 berbères
arrivent et dans l’espace de 5 secondes, ils ont enlevés ton abri. Tu te
ramasse donc assis en plein milieu du désert sur un tapis avec ton stock
éparpillé et tes colocs de tente qui ont la bouche aussi pâteuse que toi!
6h30 : c’est le temps d’aller chercher tes 2 bouteilles
d’eau. Ces bouteilles te servent à remplir tes gourdes pour la première partie
de la course, faire ta toilette ( de base) et boire avant la course.
7h30 : Un responsable de la course vient faire le
briefing de la journée pour te donner les infos sur l’étape. Ensuite l’équipe
de berbère revient et enlèvent le tapis sur lequel tu étais assis. Donc tu te retrouves
debout en plein milieu du désert avec ton sac et tes colocs, qui ont eu le
temps de se brosser les dents…Disons que la journée est commencée!
8h00 : Tu finis de t’habiller, endosses ton sac et te dirige vers la ligne de départ. Patrick
Bauer, l’organisateur, donne de l’info sur le classement, les anniversaires et
les détails de la journée. Tu en profites pour parler avec les participants que
tu as croisé la veille, prendre quelques photos et te dire : m’essemble
que mon sac est pesant.
8h30 : Highway To Hell de AC/DC dans les hauts parleurs. C’est le départ!
8h35 : Le vent dans les voiles, l’excitation de la
course et le moment et tu te dis que tu vas courir probablement toute la
journée.
9h35 : Le vent commence à souffler moins fort et tu te
dis que finalement, tu vas peut-être alterner course- marche-course.
9h40 : Le vent est tombé et tu te dis que tu vas
alterner marche-course-marche.
9h45 : Fuck off, je vais marcher encore aujourd’hui et
peut-être courir un peu si je suis capable!
12h00 : L’heure du dîner. Tu calcules il te reste
combien de km avant le prochain point de ravitaillement et lorsque tu es assez
près, tu commences à manger ta barre de 425 kcal en te disant que ça pourrait
probablement assommer quelqu’un si tu la lance tellement c’est dense. Tu te dis
aussi à ce moment qu’un steak avec une salade, ce serait bon!
13h00 : Après avoir vidé tes espadrilles de sable
quelques fois, après avoir apprécié la beauté du paysage plusieurs fois et
traité tes ampoules, tu commences à te dire que c’est cool d’être ici, mais que
tu serais bien dans ta tente. Tu cherches le prochain point de ravitaillement
au loin et lorsque tu le vois tu te dis : ouin, on n’est pas rendu! J
15h-16h : Tu arrives au camp ( enfin). La première
journée, j’avais tellement de crampes partout, même dans les mains que je n’étais
pas capable d’enlever mon sac à dos. C’est un coloc qui me l’a enlevé! Les
autres journées, j’ai pris assez de sel et les crampes ne sont pas revenues.
Donc tu arrives à la tente et enlève tes souliers pour constater les dégâts. Petit moment de détente où tu regardes le
gens marcher comme des canards et te dis qu’ils sont pas mal plus amochés que
toi. Ensuite il faut faire la file pour envoyer un courriel et en te rendant à
la tente internet, tu réalises que toi aussi tu marches comme un canard. Important
de souligner que tu fais la file sous le soleil, histoire de faire le plein de
vitamine D… Ensuite tu reviens à la tente toujours comme un canard et tu
échanges des sourires avec les autres qui marchent comme toi. À ce moment,
tu vois passer en courant un gars frais comme une rose et la seule idée
qui te passe dans la tête c’est : comment il fait! Tu arrives à la tente,
tu soupes avec ta bouffe déshydraté et réalise qu’avec le steak et la salade,
tu prendrais bien une bière froide! Discussions sur la course et de la vie avec
les colocs. Les courriels sont distribués et c’est alors le silence pendant
quelques minutes dans la tente. Certains rient, d’autres ont les larmes aux
yeux et ça fini toujours en joke car un comique a envoyé un courriel qui fait
rire tout l’monde.
20h Le soleil se couche, le volume des conversations diminue
et tu t’évanouies jusqu’au lendemain.
Les journées se ressemblent beaucoup et il est facile de
faire l’analogie avec une journée de job. Cependant, ta job au MDS est de
courir environ 40km par jour dans un environnement magique avec des humains
tout aussi exceptionnels. Pas pire comme travail! J’ai même été capable de
faire du temps supplémentaire! Oui oui! J’ai fait une journée de 22h et 75km!
Malheureusement, la seule chose que j’ai eu en double, ce n’est pas la paye
mais les ampoules…
Est-ce que je referais cette course…? Tout à fait!
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